Refus d'obtempérer et course-poursuite à Montluçon : deux ans de prison pour le mis-en-cause


16 octobre 2024

L'homme qui avait refusé d'obtempérer avant de prendre tous les risques pour échapper à la police, jeudi dernier, dans les rues de la rive gauche de Montluçon a écopé de deux ans de prison, cet après-midi, au palais de Justice. En comparution immédiate, il a été reconnu coupable de onze des douze délits pour lesquels il était poursuivi. Les policiers avaient du avoir recours au pistolet à impulsion électrique pour le neutraliser définitivement.

A (ré)écouter : Tout ce qu'il faut savoir sur la course-poursuite qui s'est achevée rue de Pasquis

C'est un homme calme, un peu confus, et peinant parfois à débuter ou terminer ses phrases qui s'est présenté devant les juges, mercredi après-midi. Et s'il a rapidement présenté ses excuses aux quatre policiers et à l'automobiliste dont la voiture avait été heurtée - tous parties civiles- il n'a pas vraiment livré d'explications sur les raisons de sa fuite en avant.

"Au début, je voulais me garer. Plusieurs fois, j'ai failli m'arrêter, a t-il tenté d'expliquer. Je sais que ce que j'ai fait est impardonnable. Mais j'étais perdu. Je ne sais pas ce qui s'est passé ". Alors, pendant dix longues minutes, après un premier refus d'obtempérer, avenue de la République, il a tenté le tout pour le tout. A allure constante car sa voiture ne pouvait "pas aller plus vite que 50 km/h" (sic). Mais en grillant des feux rouges, des stops. En roulant à contre-sens. Sur des artères pourtant largement fréquentées. En percutant aussi trois voitures dont deux de police, ainsi que l'ont confirmé les vidéos prises par les caméras fixées sur les policiers, diffusées lors de l'audience.

"Les policiers ont pourtant tout fait pour éviter le clash. Ils ont mis leur vie en péril", a fait valoir maître Colette Thévenet-Charriot qui intervenait pour le policier légèrement blessé au poignet et au coude lors de l'intervention (5 jours d'ITT lui avaient été délivrés), et pour l'automobiliste heurtée à la fin de la course-poursuite, rue de Pasquis, et dont le seul tort a été de passer au mauvais endroit, au mauvais moment. Le prévenu attribue ces "dérapages" récents au départ de son ex-compagne, avec leur fille, il y a deux ans. Au décès également de sa grand-mère il y a quelques mois. "Je ne suis pas un délinquant, mais depuis, je n'arrive pas à vivre dans la droiture".

Le procureur de la République a lui eu une autre lecture de la situation. Avec, selon lui, une racine à cette affaire : le trafic de stupéfiants. Le trentenaire a reconnu être lui-même consommateur. Revendre à un ami. Mais pas plus. 30 grammes de cocaïne et 38 grammes de méthamphétamines, une balance de précision avaient été retrouvés dans la fameuse voiture et à son domicile. "Ce n'est pas le dossier du siècle en matière de stupéfiants", a tenté de nuancer son avocate maître Anne Tribalat.   "Mais c'est ce qui explique sa détermination sans faille à vouloir échapper à la police", pour le procureur, Christian Magret. Ce qui expliquerait aussi, toujours à la lecture du parquet, les nombreux virements de plusieurs centaines d'euros effectués sur le compte en banque du prévenu, ces derniers mois, alors qu'il n'a officiellement aucune source de revenus connue. Le tout, alors qu'il était depuis février 2024 sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français, assorti d'une assignation à résidence et d'une obligation de pointer deux fois par semaine au commissariat, qu'il ne respectait plus depuis un mois.

En plus des deux ans de prison, avec maintien en détention et de la révocation du sursis de quatre mois d'une peine précédente, le tribunal a également interdit de territoire français pendant dix ans ce Camerounais d'origine. Il devra également indemniser les victimes pour un total de 5.000 euros au titre du préjudice moral.